Témoignage de guérison déréalisation dépersonnalisation

Déréalisation / dépersonnalisation : le témoignage de guérison de Diane

Le trouble de déréalisation / dépersonnalisation se caractérise par un sentiment d’irréalité ou d’étrangeté par rapport au monde extérieur (déréalisation) ou par rapport à soi-même (dépersonnalisation). Les personnes qui en souffrent se découragent facilement face aux témoignages négatifs présents sur internet. J’ai donc décidé de recueillir des témoignages de guérison pour contrebalancer un peu tout ça. Diane a généreusement accepté de m’aider dans cet objectif. Elle nous raconte sa victoire face à la déréalisation / dépersonnalisation 🙂

 

Coucou Diane, merci d’avoir accepté de nous partager ton témoignage de guérison. Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Diane, j’ai 25 ans. Je suis de nature plutôt extravertie, sociable, heureuse et optimiste, quoique souvent un peu stressée.

Comment la déréalisation / dépersonnalisation est entrée dans ta vie ?

J’ai commencé à ressentir des vertiges assez violents à la suite d’un accident de plongée que j’ai eu au cours du mois d’aout 2019. Je pensais au départ que ces vertiges étaient dus à un problème d’oreille interne qui aurait pu être causé par mon accident, mais deux ORL m’ont affirmé que mes oreilles allaient bien, qu’il n’y avait rien à signaler au niveau physique.

Pourtant mes vertiges ont continué pendant plusieurs semaines, à tel point que j’ai fini par tomber dans l’hypocondrie. Pendant plusieurs semaines, j’étais terrifiée par l’idée de faire un AVC. Cette angoisse hypocondriaque s’est intensifiée à tel point qu’à partir d’un jour du mois d’octobre, j’ai fait ma première crise de dépersonnalisation. J’ai tout de suite pensé à la schizophrénie, et j’ai été terrorisée. Je n’en ai d’abord parlé à personne, de peur de me faire hospitaliser, mais le poids de ce « secret » ne faisait qu’augmenter mon anxiété et fatalement les symptômes dont j’étais atteinte.

J’ai fini par en parler à mon amie qui a été une d’une écoute et d’une attention exceptionnelles et qui m’a conseillée de consulter un psychiatre. J’ai été à mon premier rendez-vous, en omettant volontairement de lui parler de la sensation que je ressentais depuis quelques semaines de ne plus être moi, de peur qu’il décide de me faire hospitaliser. Après ce premier rendez-vous, j’ai néanmoins effectué quelques recherches sur internet et j’ai découvert que cette sensation désagréable s’appelait dépersonnalisation. Mes recherches m’ont conduite sur un forum très alarmiste qui « validait » mon auto diagnostic de schizophrénie. J’étais anéantie par cette crainte de sombrer dans la folie, je ne pouvais pas me sortir cette idée de la tête, et mes symptômes s’intensifiaient de jour en jour.

Lors du deuxième rendez-vous avec mon psychiatre, j’ai craqué, épuisée, et je lui ai expliqué de quoi je pensais être atteinte. Sa réaction n’a pas été celle à laquelle je m’attendais. Il m’a expliqué que la dépersonnalisation ne faisait pas partie des symptômes de la maladie que je craignais, qu’elle était juste un symptôme d’anxiété classique et bénin.

Comment se manifestait chez toi la dr / dp, quels étaient tes symptômes principaux ?

Lors des crises, je me sentais complètement étrangère à mon corps. Je ne me sentais plus « moi », j’avais un corps mais il me « gênait », et j’avais ce besoin irrépressible de le fuir, à tel point que me regarder dans la glace a été impossible pendant deux ou trois mois.

Le cercle vicieux pouvait alors s’installer durablement : j’avais peur que les symptômes recommencent. Or, la peur conduit à de l’anxiété, qui elle-même conduit aux symptômes, qui étaient pourtant la source principale de mon anxiété. Bref j’étais la créatrice de mon propre enfer.

Par ailleurs j’étais incapable de me concentrer sur quoi que ce soit, même un film. Je ne tenais pas en place alors que j’étais épuisée.

Mon anxiété a été telle qu’elle m’a conduite à une dépression dite modérée, qui, comme son nom ne l’indique pas, m’a volé quelques mois de ma vie.

Comment as-tu mis en place le processus de guérison ?

L’annonce de ma non schizophrénie m’a soulagée pour quelques jours, mais le cercle vicieux étant déjà bien ancré dans mon cerveau, j’ai de nouveau eu peur d’en être atteinte, et les symptômes ne me quittaient pas.

Et un jour où j’étais épuisée par ces pensées qui tournaient comme un hamster dans sa cage, j’ai eu un déclic assez brutal. Je me suis criée, à voix haute, d’arrêter. Et c’est tout simplement ce que j’ai fait. A partir de cet instant, j’ai arrêté de me torturer l’esprit avec la schizophrénie. Dès que je sentais que mes pensées partaient sur ce terrain, je les détournais vers quelque chose de plus constructif, en m’occupant, ou en me répétant des affirmations auxquelles je croyais, comme le conseille Laura dans son guide extraordinaire.

J’ai par ailleurs commencé à tenir un carnet de la gratitude, dans lequel j’écrivais tous les soirs, les choses pour lesquelles j’avais été reconnaissante de la journée : un rayon de soleil, un chant d’un oiseau, une nuit reposante, un délicieux repas, une parole d’amour, bref, toutes les choses « normales » de la vie auxquelles on ne fait plus attention par habitude.

Ces deux habitudes m’ont sauvé la vie. Elles m’ont permis d’instaurer un cercle vertueux : je portais mon attention sur toutes les choses positives de ma vie et je contrôlais mieux mes pensées et émotions. J’ai commencé à remonter la pente dès le mois de janvier 2020 et à retrouver petit à petit ma vie.

Comment te sens-tu aujourd’hui ? As-tu l’impression d’être vraiment redevenue la personne que tu étais avant ? 

Aujourd’hui je me sens guérie et neuve. Lorsque je suis fatiguée ou anxieuse, je sens que la dépersonnalisation n’est pas loin mais elle ne m’effraie plus. On se connait toutes les deux, et je sais qu’elle ne me veut pas de mal. Dans ces rares situations, je la laisse venir, je ne lutte pas, et j’essaye de comprendre ce qu’elle a à me dire : A quoi étais-je en train de penser ? Pourquoi cet évènement me déstabilise-t-il ? Généralement, j’arrive à répondre à ces questions et je fais preuve de douceur envers moi-même pour me détendre. La dépersonnalisation n’a alors pas le temps de s’installer bien longtemps.

En revanche, je ne suis plus la même personne, et c’est tant mieux. La dépression dans laquelle j’ai plongé à cause de ce trouble m’a donné l’opportunité de revoir complètement mon mode de fonctionnement et j’en suis infiniment reconnaissante. Je suis plus positive et optimiste, je suis plus à l’écoute de mon corps et de mes émotions et je me donne plus d’attention.

Surtout, cette expérience m’a montrée à quel point je suis forte. Je n’aurai jamais soupçonné être capable de surmonter une telle épreuve et je sais maintenant que j’ai les capacités pour endurer tout ce que la vie me réserve.

Quel serait le meilleur conseil que tu pourrais donner aux personnes qui essayent de guérir de la déréalisation / dépersonnalisation ? Quelle serait ta parole la plus rassurante ?

J’aimerais vous dire que la dépersonnalisation et la déréalisation sont des messages envoyés par votre cerveau pour vous demander d’être doux envers vous-même. Vous avez peut être l’impression de perdre pied face à ces symptômes, mais ils sont en réalité l’expression d’un signal d’urgence qui vous annonce que quelque chose dans votre vie ne va pas. Cela peut être le rythme que vous vous imposez, les pensées que vous avez, les relations que vous entretenez, et j’en passe.

Quoi qu’il en soit, ce signal d’alerte doit être entendu, écouté et compris, mais pas stigmatisé, sous peine d’être amplifié et de rendre votre vie encore plus compliquée. Il peut vous servir de tremplin pour réaliser des choses extraordinaires, sous réserve de le comprendre et de l’apprivoiser. Je suis consciente que ce sont des symptômes extrêmement effrayants et très inconfortables, mais ils peuvent n’être que ponctuels, si vous les acceptez sans lutter. Je vous envoie toute ma force et ma bienveillance, vous pouvez vous en sortir !

Encore merci Diane d’avoir accepté de partager ton témoignage de guérison. Ton histoire va en aider plus d’un à récupérer confiance et espoir 🙂

Si vous avez envie, vous aussi, de partager votre histoire de guérison, n’hésitez pas à me contacter. Le net manque cruellement de témoignages positifs en rapport avec la déréalisation / dépersonnalisation et cela freine trop souvent la confiance de ceux qui essayent de s’en sortir. Merci 🙂

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Une réflexion sur “Déréalisation / dépersonnalisation : le témoignage de guérison de Diane

  1. Tiret dit :

    Bonjour,

    Je ne sais pas si cela est possible mais j’aurai aimé échanger avec diane. La raison est que jez reconnais dans chaque mot qu’elle a citée et le scénario de son histoire est exactement le même pour moi. Je suis persuadé que cela pourrait m’aider de discuter brièvement avec elle par mail ou message. J’ai 22 ans et je suis pris de vertiges permanents et je me sens étranger à mon corps.

    Merci d’avance,

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