Le trouble de déréalisation / dépersonnalisation se caractérise par un sentiment d’irréalité ou d’étrangeté par rapport au monde extérieur (déréalisation) ou par rapport à soi-même (dépersonnalisation). Les personnes qui en souffrent se découragent facilement face aux témoignages négatifs présents sur internet. J’ai donc décidé de recueillir des témoignages de guérison pour contrebalancer un peu tout ça. Naser a généreusement accepté de m’aider dans cet objectif. Il nous raconte sa victoire face à la déréalisation / dépersonnalisation 🙂
Coucou Naser, merci de nous partager ton témoignage de guérison. Pourrais-tu te décrire en quelques mots ?
Naser, 24 ans, professeur d’éducation physique…
Comment la déréalisation / dépersonnalisation est entrée dans ta vie ?
Elle a démarré lors d’un bad trip. J’ai consommé un space cake (cake qui contient du cannabis) sans le savoir… Lorsque j’ai eu ses effets, je n’ai pas compris ce qu’il m’arrivait et pensant que j’allais mourir, j’ai fais une crise d’angoisse sévère….
Les premiers symptômes de la déréalisation sont venus le lendemain lorsque je me suis réveillé… Je pensais que c’était l’effet du cannabis, je trouvais mes sensations très étranges…
En faisant mes recherches sur internet et sur YouTube, je suis tombé sur une fille qui avait vécu exactement la même chose que moi. Elle parlait de dépersonnalisation, je ne comprenais pas car moi c’était de la déréalisation et ce n’était pas les mêmes symptômes… J’ai eu la chance de pouvoir entrer en contact avec elle et c’est bien elle qui m’a appris que je faisais de la déréalisation lorsque je lui ai décrit mes symptômes… Chose qui m’avait beaucoup rassuré car elle en était sortie et je comprenais mieux ce qu’il m’arrivait….
Comment se manifestait le trouble de déréalisation / dépersonnalisation chez toi ?
Vision floue, l’impression de pas voir tout en voyant, l’impression d’avoir des troubles de mémorisation, d’être bloqué dans mon cerveau, de ne pas vivre à 100% , ne pas savoir me situer dans le temps (heure, jour de semaine). Tout me paraissait étrange et bizarre…
Le symptôme le plus difficile à vivre pour moi était la vision floue, la sensation d’être bloqué dans mon cerveau, comme si j’étais emprisonné, j’avais juste envie de revoir les choses comme avant mais je n’y arrivais pas.
Je me posais également des questions existentielles : « Pourquoi je vis ? Ai-je une âme ? Elle me sert à quoi ? J’ai quelque chose qui gère mon corps ? La vie a-t-elle une valeur ? »
Comment as-tu mis en place le processus de guérison ?
J’ai approfondi mes recherches sur la déréalisation… Je suis tombé sur plusieurs commentaires négatifs jusqu’à ce que je tombe sur celui qui m’a donné de l’espoir… Pour moi c’était bizarre de s’en débarrasser juste sans y penser… « Comment guérir de ça juste sans y penser ? C’est trop étrange et incompréhensible ». Jusqu’à ce que je tombe sur l’article de « une vie sereine » qui m’a permis de mieux comprendre.
Pour m’en sortir, j’ai donc fais ce que j’aime ! Sortir avec mes amis, aller boire des verres, faire du sport… Oui! Surtout le sport ! Beaucoup beaucoup de sport ! Et surtout me fixer des objectifs et accepter le trouble!
J’ai compris tout doucement que c’est en ne prêtant plus attention aux symptômes que ça allait partir… J’ai relativisé et je me suis dit « au final, qui ne tente rien n’a rien… pourquoi y penser ? Ça ne changera rien à part faire persister le trouble…»
C’est ce qui a été le plus déterminant pour ma guérison : de ne plus y penser et occuper mes journées avec ce que j’aime faire… Travailler en tant que vendeur où je me suis retrouvé en interaction avec les clients… chose qui me forçait à me concentrer et à ne pas penser au trouble…
Comment te sens-tu aujourd’hui ? As-tu vraiment l’impression d’être redevenu la personne que tu étais avant ?
Je suis redevenu la personne que j’étais avant, et même mieux ! Je me rend compte aujourd’hui à quel point la vie est belle et que ce passage de ma vie m’a permis de me relever encore plus fort… Ça m’a pris 6 mois pour m’en sortir (bien évidemment 6 mois sans faire attention à mes symptômes).
Et oui je m’en suis vraiment sorti… Car je me souviens des symptômes que j’avais et je me rend compte à quel point je suis très très loin de tout ça…
Il se pourrait que je retombe dans une déréalisation si jamais le même épisode se reproduisait… Mais une chose est sûre, c’est que maintenant je sais comment m’en sortir 🙂
Quel serait ton meilleur conseil pour les gens qui essayent de se sortir de la déréalisation / dépersonnalisation ?
Si j’ai un conseil à donner à ceux qui souhaitent sortir de la déréalisation ou de la dépersonnalisation… C’est de ne pas faire attention au trouble ! C’est dur et long ! Mais TOUT LE MONDE S’EN SORT ! OUII TOUT LE MONDE S’EN SORT ! Moi même je pensais rester à vie dans la déréalisation, mais aujourd’hui, c’est derrière moi 😌
Donc
– Acceptez le trouble
– Faites ce que vous aimez comme si le trouble n’existait pas
– Faites du sport
– Mangez équilibré et buvez beaucoup d’eau (ça oxygène le cerveau)
Et surtout ! Suivez à la lettre le guide « d’une vie sereine », c’est surtout grâce à ses conseils que j’ai pu m’en sortir… Ne négligez aucun point et mettez en place chaque élément en parallèle avec votre vie…
Vous n’allez pas guérir du jour au lendemain en mode « tiens aujourd’hui j’ai encore des sensations ? » Non ! Laissez plusieurs mois couler et vous n’aurez plus besoin d’y prêter attention! Oui, par moment ça reviendra car ça demande du temps au cerveau pour ne plus accepter les symptômes ! C’est bizarre mais ça fait partie du processus de guérison donc c’est tout à fait normal ! Des fois les sensations peuvent revenir en soirée, puis partir le lendemain matin, puis d’un coup ça reviendra en journée, puis ça partira… Un peu comme une marée haute qui devient une marrée basse… Ça ne vient pas d’un coup mais c’est des vagues qui viennent puis repartent un peu plus loin et reviennent à nouveau tout en diminuant petit à petit…
Le mot de la fin : VOUS ALLEZ VOUS EN SORTIR !!!
Merci beaucoup Naser pour ce témoignage de guérison très inspirant 🙂
Si vous avez envie, vous aussi, de partager votre histoire de guérison, n’hésitez pas à me contacter. Le net manque cruellement de témoignages positifs en rapport avec la déréalisation / dépersonnalisation et cela freine trop souvent la confiance de ceux qui essayent de s’en sortir. Merci ! 🙂
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Bonjour
J’ai eu exactement la même expérience que nasser puis-je rentrer en contact avec lui s’il vous plaît. Ça fait un an que ces symptômes m’arrivent et comme il a dit ça revient de moins en moins fréquemment mais ça revient toujours.
J’ai vécu trois épisodes de déréalisation.je dirais que je sors doucement du troisième. Pas tout à fait terminer mais le monde me semble suffisamment réel maintenant pour que j’aie envie de partager des pensées positives.
Le premier : a 17 ans, après un bad trip au shit. J’ai cru mourir et ensuite j’ai enchaîné les crises d’angoisse. Je voyais une forme de culpabilité et n’osait pas expliquer la cause. D’un coup assailli par une question existentielle assortie d’un impression d’étrangeté comme si rien n’avait de sens. Un visage n’était plus qu’un amas de cellules et ne voulait plus rien dire. J’ai cru à un trouble psychiatrique. On m’a prescrit anxiolytiques et antidépresseurs que j’ai refusés sans doute par méfiance. Bien ou mal je ne sais pas. Et puis j’ai fait pas mal de relaxation pour me réapproprier mon corps. J’allais voir des religieux, des médecins, des psy, mais j’avais l’impression que personne ne me comprenait. Je me forçais à sortir mais le moindre excitant me faisait partir en crise d’angoisse. Je crois que j’ai fini par accepter ces troubles, continué la relaxation. Et ils sont passés au point de devenir un lointain souvenir. Mais je ne comprenais pas leur mécanisme.
Deuxième épisode vers 28 ans : je travaillais beaucoup, je venais de me fiancer et je buvais beaucoup quand je sortais. Je suis arrivé à un stade d’épuisement. Ces troubles sont revenus. J’ai cru à un burn out. Je me suis arrêté trois semaines, j’ai repris le sport, la relaxation. Toujours ces mêmes questions existentielles qui me rongeaient. Je me sentais prisonnier de mon corps sans savoir pour quoi il agissait. J’ai bénéficié de beaucoup de douceur de mon entourage et j’ai fini par reprendre pied et me jurant que je ne reprendrai plus ce rythme et que j’intègrerai le sport dans ma vie. Pareil je n’avais toujours pas intégré le mécanisme. Voyant un peu quelque chose de mystique et en lien avec la fatigue.
Troisième épisode, huit ans de mariage et deux enfants plus tard et du sport très régulier. Et c’est reparti pour un tour. Est ce une psychothérapie pas évidente? Une impression de maximiser chaque minute pour mon travail. De grosses tensions dans mon couple et avec ma belle famille. De grosses craintes pour la santé. Petit à petit la disparition de l’émotion stress de manière surprenante. Une immense impression de solitude que j’ai cherché à fuir par des artifices. Et à nouveau le même genre de symptômes : des questions existentielles dévorantes. Et ces impressions d’occuper un corps étranger. De trouver chaque mouvement étrange. La respiration, la déglutition. Cette décomposition mentale du corps qui le détruit. L’impression dévastatrice que le monde n’existe que par mon regard. Pourquoi lève-je les yeux? Pourquoi écris-je?Cette peur de devenir fou. Et puis ce retour dans le passé en me rassure Ang et en réalisant que cette fois, le net a fait des progrès et qu’il existe plein de beaux témoignages à fondre en larmes. Une super vidéo YouTube pour expliquer le cercle vicieux de l’angoisse (psychokouak) Un retour à la religion. Une impression de ne pas avoir toutes les réponses mais de l’accepter et de faire confiance. Voir les perceptions sombres se dissiper. Pleurer à chaudes larmes pour pas grand chose et l’accepter. Ignorer les pensées négatives. Vivre et se donner un coup de pied aux fesses pour de pas s’enfermer . Et doucement ces perceptions s’éloignent. Courage à tous. Je pense qu’il faut se servir de ces épisodes pour apprendre à se relaxer mais aussi apprendre comment nous voyons notre humble existence dans l’univers en sachant que l’angoisse n’a jamais permis de penser.