Témoignage de guérison déréalisation dépersonnalisation

Déréalisation / dépersonnalisation : le témoignage de guérison de Marie

Le trouble de déréalisation / dépersonnalisation se caractérise par un sentiment d’irréalité ou d’étrangeté par rapport au monde extérieur (déréalisation) ou par rapport à soi-même (dépersonnalisation). Les personnes qui en souffrent se découragent facilement face aux témoignages négatifs présents sur internet. J’ai donc décidé de recueillir des témoignages de guérison pour contrebalancer un peu tout ça. Marie a généreusement accepté de m’aider dans cet objectif. Elle nous raconte sa victoire face à la déréalisation / dépersonnalisation 🙂 

Coucou Marie, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?  

Je m’appelle Marie, j’ai 22 ans. Je suis diplômée infirmière depuis 1 an et je travaille en psychiatrie depuis le début de ma carrière.

Comment la déréalisation / dépersonnalisation est entrée dans ta vie ? 

Quand j’ai été diplômée, il y a eu beaucoup de changements dans ma vie. J’ai fait mon entrée dans la vie active, je venais d’obtenir mon premier poste dans un service d’urgence en psychiatrie, je venais aussi de commencer ma relation avec mon compagnon.

J’avais perdu beaucoup de repères et j’étais très stressée dans beaucoup de domaines de ma vie. A cela s’est ajouté des problèmes de santé qui ont nécessité beaucoup d’examens médicaux, un décès dans ma famille, l’annonce d’un cancer chez mon grand-père… Bref, j’ai accumulé énormément de tensions dans ma vie et j’ai commencé à faire des crises d’angoisse.

C’est maintenant avec beaucoup de recul que je peux faire cette analyse de ce qu’il s’est passé dans ma vie. Sur le coup je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il m’arrivait. Je me sentais de plus en plus anxieuse, du matin au soir, la nuit également. Je faisais parfois des crises d’angoisse la nuit.

Dès ces premiers moments anxieux, la déréalisation a fait son entrée dans ma vie. Je me sentais comme dans un rêve, j’avais l’impression de me voir parler, agir, … Cela n’a fait qu’entretenir ce cercle vicieux de l’angoisse.

Heureusement et malheureusement aussi, travaillant en psychiatrie, j’ai rapidement fait des recherches dessus ce qui m’a permis de saisir ce qu’il se passait. Cependant, cela ne m’a pas rassurée pour autant. J’était convaincue que j’allais faire une décompensation psychotique. J’étais jeune, pile dans l’âge à risque, et j’avais beaucoup de facteurs de stress dans ma vie.
 

Comment se manifestait le trouble de déréalisation / dépersonnalisation chez toi ? 

La déréalisation a tout d’abord commencé à se manifester chez moi par cette sensation d’être dans un rêve et par la peur d’être folle ou de le devenir. Il m’était impossible de ne pas y penser, chaque jour je me disais que j’allais basculer dans la « folie ».

Mes connaissances en psychiatrie n’y changeaient rien, et les phénomènes de déréalisation / dépersonnalisation ne faisaient pas du tout partie des cours que j’avais étudié pendant mes études.

Ensuite, et pendant très longtemps, je me suis posée des questions existentielles, c’était carrément envahissant. Cela tournait en boucle dans ma tête. Je ne comprenais plus le sens de la vie, tout me paraissait superficiel, je me sentais vide. A quelques reprises, j’ai eu peur de ne plus exister, rien ne me paraissait réel. J’étais comme dans une bulle coupée de la vie, que je voyais se dérouler devant moi sans réussir à la saisir. J’ai aussi ressenti des symptômes de dépersonnalisation avec un sentiment de vision floue, de ne pas me sentir familière avec mon propre corps, mon visage, et progressivement, une anesthésie émotionnelle.  

J’étais épuisée au quotidien, je pleurais beaucoup. J’ai été quelques fois en arrêt maladie pour « état anxieux envahissant » et j’ai même du arrêter de travailler en psychiatrie quelques mois pour prendre de la distance.

Comment as-tu mis en place le processus de guérison ? 

Dès mes premiers moments d’anxiété, j’ai consulté une psychologue qui semblait plutôt démunie concernant les symptômes que je lui rapportais. Sentant que j’avais vraiment besoin d’aide, j’ai finalement contacté une psychiatre qui m’a tout d’abord rassurée concernant cette peur d’être « folle ». Non je ne l’étais pas et je n’allais pas le devenir. Elle m’a aussi prescrit un anxiolytique et du repos.  

Après quelques temps, l’anxiété a diminué et je me suis sentie un peu mieux, mais les symptômes de déréalisation / dépersonnalisation persistaient et m’obsédaient. C’est à ce moment là que j’ai découvert le blog « Une vie sereine » et son guide que je me suis empressée d’acheter. Je l’ai dévoré et j’ai pleuré un moment tellement j’étais soulagée de retrouver une description exacte de ce que je vivais et surtout des solutions, un soutien et de la réassurance.

J’ai pu commencer à appliquer des techniques qui m’ont aidée au quotidien, et notamment à arrêter de « m’auto-observer » sans cesse, que ce soit mes gestes, mes paroles ou mes pensées.

Cependant, l’anxiété avait beaucoup de mal à diminuer et mon moral s’est fortement dégradé. Ma psychiatre m’a donc prescrit un antidépresseur, durant plusieurs mois à visée anxiolytique d’une part et aussi pour restaurer mon humeur.

C’est là que j’ai vraiment pu me concentrer sur ma guérison. Je ne faisais plus de crises d’angoisse, je ne ressentais plus d’anxiété au quotidien. Mon moral s’est rapidement restauré, et j’ai ainsi pu pleinement appliquer les conseils du guide et me détacher petit à petit de ces pensées envahissantes.

L’aide de thérapeutes y a été pour beaucoup. Être entourée de professionnels (ma psychiatre et une psychologue durant quelques semaines) me permettait de me rassurer. Je pouvais poser beaucoup de questions et cela me permettait aussi de mettre de la distance avec la déréalisation / dépersonnalisation qui devenait plus familière et moins effrayante. J’ai lu aussi beaucoup de témoignages, beaucoup d’articles et cela m’a énormément aidée et rassurée.

Finalement, j’arrivais progressivement à me détacher des pensées obsédantes et surtout à être indulgente avec moi-même dans ces moments. Progressivement, je me séparais de la déréalisation / dépersonnalisation et n’en faisait plus le point central de ma vie. Je reprenais goût à la vie, je n’y pensais presque plus et je ne ressentais presque plus aucun symptôme. Surtout je n’avais plus peur de moi, et de ce que je pouvais penser ou ressentir. Je me suis ouverte à mes proches, et j’ai accepté toute l’aide qu’on a pu m’apporter. 
 

Comment tu te sens aujourd’hui ?  

Aujourd’hui je ne suis plus sous antidépresseur ni sous anxiolytique. J’ai terminé mes suivis avec mes thérapeutes. Je suis de nouveau moi-même, je me sens même bien plus forte qu’auparavant. J’ai l’impression d’avoir découvert toute une partie de moi-même que j’ignorais.

Je me sens très forte. Malgré l’état dans lequel j’ai pu me trouver avec la déréalisation / dépersonnalisation, j’ai mis de l’ordre dans ma vie. Je suis toujours infirmière et je travaille de nouveau psychiatrie, dans une unité protégée. Je suis encore plus passionnée par mon métier. Je vis tranquillement dans mon appartement, la solitude a pu être difficile à supporter mais ce n’est plus le cas. Surtout, je n’ai pas honte de parler de ce que j’ai pu vivre autour de moi. Au contraire, me confier là-dessus a permis à des amitiés de naître en toute bienveillance. Cela a aussi renforcé mes relations avec mes proches et mon compagnon.

Je ne crains plus la déréalisation / dépersonnalisation, si jamais à l’avenir il m’arrivait de ressentir des symptômes de nouveau, je pense que j’arriverai à vivre avec sans difficultés car ils ne me font plus peur. J’ai appris à m’aimer avec, et sans. Je sais que mon cerveau fait au mieux pour se préserver.

Quel serait ton meilleur conseil pour guérir de la déréalisation / dépersonnalisation ? 

La clé de ma guérison a été de lâcher prise concernant ce que je vivais, d’arrêter de vouloir contrôler mes pensées, de les analyser, de me remettre en question. D’accepter de demander de l’aide, et dans mon cas, le moment venu, un traitement. A accepter aussi que même si cela pouvait faire peur, ce n’était pas grave et que cela ne m’empêchait pas de vivre ma vie.

Aussi, lire m’a énormément rassurée. Mais pas n’importe quoi bien sûr … Des articles, des témoignages, le guide de « Une vie sereine » que j’ai relu plusieurs fois.

Tout cela m’a permis d’accepter ce que je vivais, avec bienveillance, et d’arrêter de me torturer et de culpabiliser. J’ai ainsi retrouvé ma confiance en moi et j’ai pu « briser » le cercle de l’angoisse grâce à tous les outils et toutes les aides dont j’ai bénéficié.

Un tout grand merci Marie pour ce témoignage plein d’espoir 🙂 

Si vous avez envie, vous aussi, de partager votre histoire de guérison, n’hésitez pas à me contacter. Le net manque cruellement de témoignages positifs en rapport avec la déréalisation / dépersonnalisation et cela freine trop souvent la confiance de ceux qui essayent de s’en sortir. Merci ! 🙂 

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4 réflexions sur “Déréalisation / dépersonnalisation : le témoignage de guérison de Marie

  1. Salomé dit :

    Bonjour, j’ai entendu dire que certains anxiolytiques/antidépresseurs accentuaient le sentiment de déréalisation/dépersonnalisation, j’aurai alors voulu savoir quels médicaments t’avaient été prescrit vu que ceux-ci avaient l’air adapté à ton état sans participer à ton trouble ?
    En te remerciant par avance pour la réponse que tu pourras m’apporter 🙂

    Je m’adresse désormais à Laura de ce site une vie sereine, si Marie ne me répond pas car elle ne voit pas ce commentaire, penses-tu que tu aurais la possibilité de me mettre en contact avec elle pour que je puisse obtenir une réponse à ma question ? Si ça ne pose pas de problème bien sûr;
    En te remerciant également par avance.

  2. Delphine dit :

    Bonjour,

    J’aimerais m’adresser à Marie, si cela est possible. J’ai l’impression que j’ai un parcours un peu similaire au sien, surtout en ce qui concerne les pensées obsédantes au sujet des symptômes, et l’autoanalyse constante.

    Si elle est d’accord de me contacter, je serais ravie.

    Merci

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