Le trouble de déréalisation / dépersonnalisation se caractérise par un sentiment d’irréalité ou d’étrangeté par rapport au monde extérieur (déréalisation) ou par rapport à soi-même (dépersonnalisation). Les personnes qui en souffrent se découragent facilement face aux témoignages négatifs présents sur internet. J’ai donc décidé de recueillir des témoignages de guérison pour contrebalancer un peu tout ça. Daphné a généreusement accepté de m’aider dans cet objectif. Elle nous raconte sa victoire face à la déréalisation / dépersonnalisation 🙂
Coucou Daphné, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Daphné et j’ai 20 ans. J’étudie la production culturelle.
Comment la déréalisation / dépersonnalisation est entrée dans ta vie ?
Tout a commencé quand mon ex-copain m’a quitté il y a 3 ans. C’était mon premier amour, et je me suis révélée être très dépendante de lui. Lorsque l’on s’est séparé, la rupture a été trop violente pour mon cerveau, je pense.
Un matin je me suis réveillée et c’est comme si tout avait changé autour de moi. J’avais l’impression d’être dans un rêve, de me voir de l’extérieur, comme dans un film. Au départ, j’ai cru devenir complètement folle.
Sur le coup, j’en ai parlé avec mes parents, très terre à terre, qui m’ont dit que c’était normal, lorsqu’on est déprimé, de se sentir un peu « absent ». J’ai donc décidé de prendre rendez-vous chez mon médecin traitant, et quand je suis arrivée dans son cabinet je lui ai dit que j’avais l’impression de devenir complètement folle, que j’avais peur. Il a sorti calmement un livre où tout était expliqué sur la dépersonnalisation, et il a pris le temps de m’expliquer et de me rassurer sur le fait que je n’allais pas devenir folle.
Comment se manifestait principalement la déréalisation / dépersonnalisation chez toi ?
D’abord, j’avais l’impression de ne plus être du tout « ancrée » dans mon corps. Je me voyais faire les choses de l’extérieur, très machinalement, comme si j’étais sur pilote automatique. À cette époque, j’allais encore au lycée, et je me souviens de me voir faire le chemin et de parler à mes amis de manière machinale, et d’avoir sans cesse cette peur de perdre le contrôle.
J’avais aussi cette impression de débarquer dans une vie dont je ne connaissais plus rien. Les souvenirs, les habitudes, tout ce qui m’était familier auparavant n’avait plus vraiment de sens. Je voyais les gens de mon entourage continuer à vivre normalement et je me disais « Mais pourquoi ? Mais comment est-ce qu’ils font? ». Je me répétais sans cesse que la vie n’avait pas de sens, je pensais beaucoup à la mort, j’avais sans cesse l’impression que j’étais en train de mourir. J’avais tout le temps peur de tout, sans vraiment savoir de quoi j’avais peur au final. J’avais peur de sortir, de rester chez moi, de dormir… tout devenait si lourd, si compliqué. Je n’arrivais plus à rien faire, mais je me forçais quand même à essayer de vivre comme avant, de « profiter », de ne pas laisser ce trouble tout gâcher, mais ce n’était pas vraiment efficace, car je faisais les choses sans réelle envie, tout était vide de sens.
Je ne ressentais plus de sensation, plus d’émotions. Moi qui suis de nature sensible, quand je me sentais triste, je savais que j’étais triste, mais je ne ressentais pas la tristesse. Je ne ressentais pas non plus de joie dans les moments qui d’habitude m’auraient rendue heureuse. Je pense que c’était ça le plus dur. Les émotions ont toujours été quelque chose de très important pour moi et ne plus les sentir c’était vraiment très difficile.
Comment as-tu mis en place le processus de guérison ?
Je pense que mon erreur de départ a été de ne pas écouter les vrais besoin de mon corps, de ma tête. Je me forçais à continuer à vivre comme avant sans comprendre que j’avais vraiment besoin d’être là pour moi-même, d’être à mon écoute, de prendre soin de moi et d’être douce, comme je l’aurais été pour quelqu’un d’autre. J’ai mis énormément de temps à prendre conscience de ça. Je n’entendais pas mon propre appel à l’aide.
Je me poussais à être productive, à faire des projets dont je n’avais pas vraiment envie.
Puis petit à petit, j’ai trouvé des choses qui me donnaient vraiment envie de me lever le matin et de les vivre, et je me suis mise à m’écouter de plus en plus. J’ai compris que j’avais besoin de temps, qu’on ne pouvait pas tout le temps être à 100%, surtout dans une période de trouble comme celle-ci. Je me suis mise à vivre à mon rythme, sans me forcer, à faire des choses qui ne m’apportaient pas de stress.
Je pense que ce qui a vraiment fait partir le trouble, c’était aussi d’apprendre à le comprendre. J’ai compris que je n’allais pas en mourir, qu’il était là non pas pour me faire du mal, mais pour me protéger. C’est un mécanisme qui s’est mis en place par mon cerveau qui considérait que je n’aurais pas pu gérer seule toute cette angoisse.
Petit à petit, même si ça a pris du temps, j’ai retrouvé des sensations, des émotions que j’avais perdues. Sentir le vent sur le bout de mes doigts par exemple. Même la tristesse m’avait manqué.
Comment tu te sens maintenant ? As-tu vraiment l’impression d’être revenue la personne que tu étais avant ?
Je pense que je ne redeviendrai jamais la personne que j’étais avant ce trouble. Tout simplement, parce qu’avant je ne savais pas vraiment qui j’étais au final. Ce trouble m’a permis de déconstruire toutes les habitudes que j’avais prises dans la vie, et m’a forcé à apprendre à me connaître vraiment, à me construire, à devenir la vraie moi.
Au niveau du trouble, il a complètement disparu. Je n’ai plus peur de lui et je ne pense pas pouvoir y être confrontée à nouveau, car toute cette période m’a permis de devenir assez forte pour affronter les épreuves de la vie. Même s’il revenait un jour, je saurai que c’est pour mon bien et je saurai l’apprivoiser comme il faut dès le départ.
Je pense que cette période même si elle a été difficile, m’a apporté beaucoup de positif finalement. Je me sens de plus en plus ancrée et solide, je me fais beaucoup plus confiance qu’avant et je suis devenue forte. Sans ce trouble j’aurais eu du mal à affronter d’autres épreuves, j’aurais été trop instable, trop fragile.
Quel serait ton meilleur conseil pour les personnes qui essayent de guérir de la déréalisation / dépersonnalisation ?
Je pense qu’il faut vraiment intégrer le fait que ce trouble n’est pas là pour vous causer du mal, bien au contraire. Il est un appel à l’aide de votre for intérieur, qui vous demande de la douceur et de la compassion. Donnez-vous du temps, soyez patients, faites des choses qui vous font du bien. Tout ira bien.
Merci Daphné d’avoir pris de ton temps pour participer à ce projet
Si vous avez envie, vous aussi, de partager votre histoire de guérison, n’hésitez pas à me contacter. Le net manque cruellement de témoignages positifs en rapport avec la déréalisation / dépersonnalisation et cela freine trop souvent la confiance de ceux qui essayent de s’en sortir. Merci ! 🙂
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