Aujourd’hui, c’est au tour de Mégane de nous raconter son parcours de guérison du trouble de déréalisation / dépersonnalisation. Encore une personne de plus pour nous prouver que oui, il est possible de se sortir complètement de ce trouble et retrouver une vie normale et sereine ! 🙂
Coucou Mégane pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 26 ans, j’ai un tempérament joyeux et enthousiaste à la base. Je suis également hypersensible depuis mon enfance. Je suis proche de ma famille, et je suis en couple. J’ai grandi dans une famille aimante mais mon enfance n’a pas été facile, marquée par la maladie et le décès de ma mère très jeune. J’ai fait de longues études éprouvantes. Maintenant je suis soignante.
Comment le trouble de déréalisation / dépersonnalisation a démarré chez toi ?
Tout a commencé en décembre 2021, j’habitais seule dans une région loin de mes proches, je travaillais à l’hôpital de nuit, le rythme était intense, les responsabilités étaient importantes. J’ai commencé des crises d’angoisses. Je me suis mise en arrêt, j’ai quitté mon travail, je suis rentrée dans ma région d’origine, je pensais que ça allait aller mieux mais en fait le mécanisme de l’angoisse m’avait déjà complètement envahie et j’ai commencé le trouble de déréalisation / dépersonnalisation en rentrant. Je n’ai jamais consommé de drogue, c’est arrivé lorsque j’étais seule, isolée et stressée par mon travail.
Comment se manifestait principalement la déréalisation / dépersonnalisation chez toi ?
J’ai fait des attaques de panique pendant 1 mois, plusieurs fois par jour, c’était épuisant. J’avais une anesthésie physique, je ne me sentais plus dans mon corps. J’avais une anesthésie émotionnelle : je ne ressentais plus le plaisir , la joie, l’amour, je me sentais déconnectée de mes proches, ce qui me paniquait beaucoup. Je ne me reconnaissais plus dans le miroir, je ne reconnaissais plus ma famille et mon conjoint, ils étaient comme des étrangers.
J’ai perdu confiance en moi, je ne pouvais plus conduire, je ne savais plus me faire à manger, je ne sortais plus car je me sentais extrêmement vulnérable à l’extérieur face aux autres. Je ressentais une fracture entre le moi d’avant et le moi actuel. Je n’avais plus de souvenir de ma vie d’avant.
Rien n’arrivait à me rassurer. Impossible de relativiser sur ce qu’il m’arrivait. J’avais des ruminations négatives toutes les 30 secondes. Je disais à mes proches : « je ne sais plus qui je suis ». Je vivais comme derrière une vitre, prisonnière. J’avais très mal au ventre à cause du stress en continu. Ces symptômes ont perduré et ça m’a conduit à une dépression, je perdais totalement espoir.
Comment as-tu fait pour enclencher le processus de guérison ?
J’ai tout de suite consulté mon médecin généraliste, qui m’a dit que je faisais un syndrome anxio-dépressif. J’ai été mise sous anxiolytiques très peu dosé donc ça ne faisait pas effet. J’ai pris rdv chez une psychologue à raison de deux fois par semaine car c’était la panique totale. J’ai repris rdv 3 semaines plus tard chez le médecin car ça n’allait pas, et elle m’a mis sous antidépresseur et anxiolytiques plus dosés, qui m’ont bien calmé.
A partir de là j’ai enchaîné les séances de psy une fois par semaine pendant plusieurs mois (énorme coût financier et je n’avais aucun revenu…). En tout, j’ai rencontré 5 psychologues qui m’ont apporté des choses différentes (il ne faut pas avoir peur d’en voir plusieurs si ça ne répond pas à nos besoins).
En parallèle j’ai passé énormément de temps à faire des recherches sur internet, pour identifier précisément ce qu’il m’arrivait et savoir comment m’en sortir. Il y avait du bon et du moins bon (beaucoup de témoignages anxiogènes).
Au niveau des thérapies ce qui m’a aidé le plus : une TCC qui m’a permis de comprendre ce qu’était l’angoisse, comment on la ressentait dans notre corps, la reconnaître quand elle est là. On m’a appris des techniques de relaxation et de respiration pour qu’elles soient de moins en moins intenses.
Les exercices de pleine conscience ont très bien marché sur moi! Il fallait que j’aille marcher en nature trois fois par jour et que je stimule mes 5 sens lors de ces balades et peu à peu les ruminations se calmaient.
J’ai découvert l’EMDR, j’ai fait vingt séances pour traiter mes peurs actuelles puis mes traumatismes d’enfance. Avec une autre TCC, j’ai travaillé sur l’acceptation de mes émotions de peur désagréables, et pour finir j’ai pris conscience de mes schémas de pensée inadaptés (basé sur la peur) pour les corriger et avoir une vie plus sereine. Malgré la honte que je ressentais, j’ai réussi à rapidement en parler à ma famille et à mon conjoint qui ont été très soutenant. Et souvent quand je perdais espoir, ce sont eux qui me poussaient à continuer mes thérapies et qui me valorisaient sur mes progrès.
Comment tu te sens maintenant ? As-tu vraiment l’impression d’être revenue la personne que tu étais avant ?
Aujourd’hui, un an après je suis guérie, je n’ai plus aucun symptôme, j’ai compris comment prendre soin de mon mental et je me sens capable de gérer si cela revient un jour. J’ai énormément appris sur moi. J’ai retrouvé ma connexion avec mes proches, j’ai retrouvé mes émotions. J’avais l’impression d’être morte à l’intérieur, complètement perdue et aujourd’hui je me suis retrouvée et je suis normale.
Quel serait le meilleur conseil que tu pourrais donner aux personnes qui souffrent toujours de déréalisation / dépersonnalisation ?
Gardez toujours l’espoir de guérir car ça va arriver. Pour ma part c’était tellement envahissant et handicapant que j’ai eu besoin de médicament, ça m’a beaucoup aidée. Osez consulter un thérapeute avec qui en parler, ça vous soulagera, vous y trouverez un grand soutien et un programme pour en finir avec ce trouble de déréalisation / dépersonnalisation. Parlez en à vos proches, expliquez leur ce qu’il vous arrive et demandez leur du soutien. Félicitez vous de chaque petite victoire dans votre processus de guérison. C’est normal que ça prenne du temps. Soyez courageux, vous méritez d’aller mieux!
Merci Mégane d’avoir pris de le temps de nous raconter ton parcours
Vos témoignages sont importants ! Si vous avez envie, vous aussi, de partager votre histoire de guérison, n’hésitez pas à me contacter. Plus on remplira ensemble le net de témoignages positifs, plus cela donnera confiance aux personnes qui essayent d’en sortir. Merci ! 🙂
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Bonjour,
Après un harcelement au travail et une fausse couche pratiquement en même temps, je suis tombée malade d’un TAG avec crises de panique. Cela se passait au mois de novembre 2023.
Le 11 mars, mon beau père nous a quittés suite à un cancer.
Parfois j’ai l’impression que je ne vois plus le bout du tunnel, mais je m’accroche. Je prends des médicaments et des anxiolitique et en parallèle, hé vois 2 psychologues, dont un TCC, une suphrologue, je fais de la meditation et du yoga. Je ne suis pas encore guérie, mais au moins je n’ai plus de crises d’angoisse.
Je souhaite de tout cœur du courage à tous et de ne pas se laisser aller, finalement on s’en sortira.