Déréalisation / dépersonnalisation : le témoignage de guérison de Maria

Alexia a accepté de nous raconter son parcours de guérison de la déréalisation / dépersonnalisation. En ayant compris que ces symptômes sont uniquement dû à l’anxiété, elle a pu apprendre à les dompter. Aujourd’hui, elle a retrouvé une vie 100 % normale. Place à son histoire ! 🙂

 

Coucou Maria, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?  

Je m’appelle Maria, j’ai 23 ans et je travaille dans le domaine de la défense. 
 

Comment le trouble de déréalisation / dépersonnalisation a démarré chez toi ?

La déréalisation est entrée dans ma vie à l’âge de 16 ans. Lors d’un weekend avec des amis, nous avions la ( mauvaise ) habitude de fumer des joints. Rien de très nouveau à l’époque pour moi, j’avais déjà fumé plusieurs fois auparavant et outre les effets classiques de la drogue, il ne s’était jamais rien passé « d’inhabituel ».
 
Pourtant, le lendemain d’une de ces soirées, je me suis réveillée dans un état second, comme si la drogue ne s’était pas dissipée. Au début cela ne m’a pas plus inquiétée que cela, je me suis dit que j’avais un peu forcé mais que tout allait rentrer dans l’ordre d’ici quelques heures.
 
Le principal symptôme était cette fameuse sensation de « voile », comme si une barrière subsistait entre moi et la réalité. J’ai commencée à paniquer quand je suis rentrée chez moi et que cette très désagréable sensation ne partait toujours pas. Les jours passaient et j’avais même l’impression que cela empirait. C’était affreux. J’ai essayer d’en parler, avec mes mots d’adolescente, à ma mère, mon père, mais ils ne m’ont pas prise au sérieux.
 
Alors les semaines, les mois ont passés, j’ai continuer à vivre avec ce symptôme pendant des années. Je ne pouvais à l’époque mettre un mot sur ce qu’il m’arrivait, j’avais lu sur des forums (tous plus anxiogènes les uns que les autres) que cette sensation allait rester toute ma vie, que je devais m’y accoutumer. J’ai consulté une magnétiseuse à 17 ans, de nombreux psys, un centre de toxicologie ( aucun rapport mais je pensais que la drogue avait déclenché quelque chose dans mon cerveau.. ), et rien n’y a fait. Je n’en ai jamais reparlé à mes proches car leur première réaction m’a fait penser qu’ils ne pourraient rien pour moi.
 
Et les années ont passées, 1 an, 2,3,4… Je m’étais résignée à vivre avec ce « voile » qui me pourrissait la vie. Evidemment je n’y pensais pas toutes les 3 secondes, mais toutes les heures ( et je n’exagère pas ), oui. Il m’arrivait souvent de pleurer en pensant à ma vie « d’avant », je ne pouvais rien faire j’étais perdue. L’idée de rechercher de l’aide sur internet m’angoissait car j’étais déjà tombée plus d’une fois sur des personnes désespérées qui n’en étaient pas sorties, et cela accroissait, à mon tour, mon inquiétude ( et donc mon symptôme).
 
 
Comment as-tu fait pour enclencher le processus de guérison ? 
 
En 2021 ( donc 4 ans après cette fameuse soirée ), complètement par hasard, alors que pendant des années je n’avais rien recherché sur le sujet, je suis tombée sur une vidéo explicative de ce qu’était la déréalisation. La regarder m’a fait un véritable choc. C’était le début de quelque chose. Enfin, je comprenais ce qu’il m’arrivait, ce que j’avais. Non je n’avais pas perdu la boule, non je n’avais pas de problème au cerveau, aux yeux.. ( pendant des années je me suis inventé des troubles de la vision qui auraient pu expliquer ce voile).
 
Cette vidéo m’a fait comprendre la chose la plus importante qu’il soit pour guérir de la déréalisation : son fonctionnement. Comme vous l’avez sûrement lu dans le guide de Laura, les symptômes se déclenchent car vous vous mettez trop de pression, le stress s’accumule, le cerveau se défend. C’est, presque, aussi bête que ça..
 
A partir de ce jour, le travail fut long, tourmenté par des épreuves de la vie qui m’ont parfois fait replonger ( mon travail n’aidant pas vraiment à rechercher la sérénité et le calme au quotidien.. ). Mais je voyais des progrès, il m’arrivait parfois de me dire « oh là tu n’as pas de symptôme ! ».Les moments étaient encore courts, mais cela me redonnait de l’espoir. Pourtant je n’étais pas encore complètement sortie de la déréalisation. Une mutation professionnelle a engendrée beaucoup de stress dans mon quotidien et j’ai démultiplié pendant de longs mois cette sensation de voile.
 
Ce fut à ce moment là que j’ai découvert le guide de Laura. J’ai imprimé l’intégralité du guide et j’ai réellement décidé de prendre le problème à bras le corps. J’ai déterminé les facteurs stressant et angoissants de ma vie, quelles étaient les pensées qui m’obsédaient au quotidien, et dès lors, j’ai entrepris de m’en séparer ( pour ma part, j’ai levé le pied sur le sport à outrance, le contrôle obsessionnel de l’alimentation et ma forme physique).
 
Les choses ne se font pas du jour au lendemain, bien sûr, mais dès que vous aurez identifié ce qui vous angoisse, le plus grand pas sera fait. J’ai également intégré la méditation dans ma vie, cela m’a aidé à comprendre que mon esprit était constamment agité, que je carburais à 100 à l’heure toute la journée.
 

Comment te sens-tu à présent ?  

Cela fait maintenant plus d’un an que je vois les réelles différences. Le trouble a disparu de mon quotidien, il m’arrive de déréaliser mais je sais identifier le pourquoi du comment à présent et je tâche de bloquer le processus. 
 

Quel serait le meilleur conseil que tu pourrais donner aux personnes qui souffrent toujours de déréalisation / dépersonnalisation ? 

Ne perdez pas espoir, parlez en autour de vous, à vos proches ( j’en ai depuis reparlé à ma famille qui m’a comprise et me soutient), et surtout, comprenez que ce symptôme n’est pas un état permanent. Il faut réintégrer du temps pour vous dans votre quotidien, prenez le temps de vous poser, de comprendre pourquoi votre cerveau agit comme cela. Ce n’est pas une maladie mentale, mais bien un processus de défense, et pour le bloquer il faut comprendre la raison qui pousse votre cerveau à se mettre en défensive. 
 
J’ai compris ( et c’était important pour moi, car pour ma part, je voulais comprendre pourquoi cela avait commencer chez moi ) que la situation personnelle qui était la mienne à 16 ans avait poussé mon cerveau à mettre un voile sur la réalité ( pour la faire courte séparation des parents très, très difficile). Ne perdez pas espoir et surtout sachez que vous allez vous en sortir, les clés sont dans vos mains.
 

Merci Maria d’avoir accepté de nous raconter ton histoire  🙂 

Vos témoignages sont importants ! Si vous avez envie, vous aussi, de partager votre histoire de guérison, n’hésitez pas à me contacter. Plus on remplira ensemble le net de témoignages positifs, plus cela donnera confiance aux personnes qui essayent d’en sortir.  Merci ! 🙂 

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Une réflexion sur “Déréalisation / dépersonnalisation : le témoignage de guérison de Maria

  1. Sophie dit :

    Bonjour, je m’appelle Sophie et j’ai 39 ans. A vous avouer, rien que le fait de voir écrire ceci me fait douter 😉. Je pense, en lisant tous les témoignages, que moi également je fais partie de cette « communauté ». Si je dois savoir à partir de quand cela a débuté, ça doit remonter à une bonne trentaine d’années… J’avais à peine une dizaine d’années et je me vois encore poser la question à tous mes amis: « ça ne te fait pas bizarre à toi d’être dans ton corps »? Évidemment, je me sentais seule car les réponses étaient bien souvent négatives. À l’époque, j’arrivais facilement à vivre avec et cela ne représentait que quelques questions existentielles qui n’entravaient pas mon quotidien. Ma vie a été semée d’embûches (on va dire). J’ai perdu ma maman, mon papa, un frère et entre-temps, je me suis retrouvée dans une famille qui n’avait réellement pas de bonnes intentions. A 16 ans, je me suis retrouvée mal accompagnée à consommer des champignons hallucinogènes. Et c’est à ce moment que tout a débuté ! En y réfléchissant, je me dis, si seulement je m’étais abstenue, ma vie serait tout autre!!! J’ai fait un sacré Bad Trip, j’ai commencé à entendre et voir les choses en double. Le questionnement a donc commencé… Qu’est ce qui se passe ?! Et si j’étais en train de mourir ?? Et à ce moment, je me suis rappelée d’une phrase que ma maman a dite peu de temps avant de mourir « j’ai compris »… Et là, tout ce qui me semblait anormal était devenu une réalité !! En fait, j’avais « compris » que tout ce qui existait auparavant n’était que mensonge, et que j’étais en train de vivre le film de ma mort (qui d’ailleurs me semblait très familier, comme si je l’avais déjà rêvé auparavant). Tout mon monde s’est effondré, je n’avais plus de repères! J’avais l’impression que tout était déjà écrit, que j’étais obligée de bouger d’une certaine manière afin de continuer le « livre de ma vie » et que finalement toutes ces phases allaient se répéter continuellement. Tout était plat, les couleurs étaient différentes. Ça a duré des mois. Évidemment avec des périodes très basses d’angoisses existentielles et puis un petit retour à la normale. C’était comme si j’avais découvert quelque chose, une réalité différente, vide de sens. Comme si j’étais la seule à vivre et que toutes les personnes autour de moi n’étaient que des figurants. J’analysais tous mes faits et gestes en me questionnant non stop. Au fur et à mesure, j’ai réussi à surmonter tout cela en trouvant quelques techniques (telles que pincer un doigt, faire un petit bruit spécifique pour me changer les idées). Ma vie a repris et j’ai totalement oublié tout cela. J’avais enfin réussi à m’abandonner à la vie. Jusqu’à ce que je mette ma fille au monde… À la sortie de la maternité, j’ai commencé à ressentir cette bouffée d’angoisse… En me disant, en fait, j’avais oublié ce qu’était la vraie réalité ! Comme si je m’étais abandonnée à « la fausse réalité / la vie » en oubliant la « vraie/ce monde angoissant vide de sens »! Cela a encore duré plusieurs mois avec toujours des hauts et des bas. Des difficultés à sortir de chez moi car je me sentais plus en sécurité dans un environnement connu (même si cela n’empêchait pas les questionnements ni les crises). Tout cela s’est apaisé comme par magie. Une troisième période de stress intense a fait réapparaître ces troubles (qui disparaissent comme par magie et qui finalement n’ont quasi jamais existé par moment)… Nous sommes en 2016 et je suis en plein burn out!!! Un burn out qui dure et dure…(jusqu’à maintenant car pas encore terminé) 5 ans! À ce moment, j’entame une thérapie. J’arrive à parler de ces moments et à mettre l’étiquette de « déréalisation/dépersonnalisation » ce qui apaise mes symptômes mais je n’ai pas d’outil, si ce n’est que des exercices de cohérence cardiaque. J’arrive enfin à comprendre et à accepter ! J’ai encore des périodes où je n’arrive pas à faire face mais, elles sont plus courtes. Je me raisonne en me disant: calme toi, c’est passagé. Tu sais ce que c’est !!! Je suis toujours dans cette phase à l’heure où j’écris. Par moments (grosse fatigue, stress du à des examens médicaux ou autre) je subis encore ce stress… c’est comme si quand il est là, il m’envahit tellement que j’ai du mal à y faire face ! Comme si en quelques secondes, il n’est plus que réalité et tout s’effondre! J’ai vraiment encore du mal à le vivre. Je sais déjà qu’à chaque période stressante ou fatiguante de ma vie, tout cela va faire surface! Et j’avoue, cela me fait peur ! J’espère pouvoir retrouver cette vie normale!

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