Phobie d’impulsion : la comprendre et s’en libérer

phobie d'impulsionPour cet article, j’ai invité Edith Rosset à nous parler de la phobie d’impulsion. Elle est psychologue en thérapie cognitivo-comportementale à Nantes. Depuis plus de 15 ans, elle traite les troubles anxieux, dépressifs et obsessionnels en individuel, en groupe et auprès des organisations professionnelles.

Auteure dun guide self help (outils thérapeutiques bienveillants, simples et efficaces) au sujet de la phobie d’impulsion, elle lève le rideau sur cet aspect encore « tabou » des TOC : celui de la peur de perdre le contrôle de soi et de commettre un acte affreux envers soi ou les autres.

Bonjour Edith, qu’est-ce qu’une phobie d’impulsion ?

La phobie d’impulsion est un trouble obsessionnel compulsif caractérisé par des images et/ou des scénarios intrusifs effrayants. Ceux-ci provoquent des sensations et émotions insupportables pour la personne, qui va alors chercher en vain des solutions pour les contrôler (ce que l’on nomme les compulsions = arrêts des pensées catastrophes, vérifications des comportements ou des informations sources de crainte).

Quelles sont les origines de la phobie d’impulsion ?

Selon les dernières recherches scientifiques, l’origine de la phobie d’impulsion se situe dans un dérèglement chimique du cerveau (déficit de la fonction sérotoninergique). Il peut y avoir d’autres pathologies qui y sont associées, telles que la phobie sociale (peur du regard des autres et de s’affirmer), le syndrome de Gilles de la Tourette et les troubles de l’humeur. Des épreuves difficiles voire traumatiques, ou l’environnement social et familial peuvent renforcer ce TOC.

Quelles sont les clés pour se débarrasser définitivement de la phobie d’impulsion ?

Mes clés sont issues des thérapies cognitives et comportementales ainsi que des techniques de lâcher-prise (sophrologie, relaxation et cohérence cardiaque). A l’instar d’une pièce de théâtre, ces clés ont pour objectif de vous libérer de votre peur du passage  à l’acte en devenant acteur ou actrice de votre existence :

  1. Observer et identifier vos schémas centraux négatifs issus de votre histoire personnelle et de vos interprétations vis-à-vis des manifestations mentales et physiques de votre phobie d’impulsion (soit vos biais attentionnels souvent liés à votre peur de mal faire, des représailles, des injustices, d’être une mauvaise personne …).
  2. A présent, posez-vous les questions suivantes : qu’est-ce que ces croyances disent de moi ? Quelles sont mes étiquettes accrochées sur mon front (méchant(e), nul(le), dangereux(se) …) ? A combien de % y croyez-vous ? (de 0% = je n’y crois pas du tout, à 100% : c’est tout à fait moi). Quelles sont vos sensations et émotions à ce sujet (peur, tristesse, honte …) et à quel point sont-elles désagréables voire insupportables (de 0 = neutre à 10 = insupportable) ?
  3. Ces étiquettes vous obligent-elles à éviter certaines situations et/ou à contrôler vos comportements mentaux et émotionnels (vérification, gestion des émotions, évitements de certains objets, lieux ou personnes ?)
  4. Pouvez vous remplir cette phrase « Si …. alors …. et quelles en seraient les conséquences ? Et qu’est ce que ça veut dire concrètement ?» (par exemple : Si je touche un couteau alors je vais poignarder ma femme et je vais finir en prison à vie tout seul et ça veut dire que je ne suis pas adapté, je suis capable du pire»)
  5. A présent, vous allez relier votre schéma central négatif que vous avez identifié au-dessus (« Je suis inadapté et capable du pire ») avec vos besoins et vos valeurs. Quel besoin réel cache votre schéma négatif ? (par exemple : « J’ai besoin de bien me conduire avec les autres pour ne pas les blesser. »). Qu’est ce que cela dit de vous ? (par exemple : « Que je suis bienveillant »)
  6. Comment pourriez-vous activer votre valeur « bienveillante » dans vos actes quotidiens ? (par exemple : par plus de temps de relaxation (cohérence cardiaque, relaxation, sophrologie), d’écoute de mes besoins, apprendre à mettre des limites pour ne pas me laisser envahir …)
  7. Ecrivez dans un petit carnet thérapeutique trois actions quotidiennes qui entretiennent votre schéma central positif « bienveillance ». (par exemple : écouter de la musique positive, prendre un thé avec un ami, dire non à certaines tâches contraignantes). Indiquez quel est votre degré de croyance dans le fait que vous êtes bienveillant (de 0 = je n’y crois pas du tout, à 100% = je le suis). Que ressentez vous (apaisement, joie …) et à quelle intensité (de 0 = aucune à 10 = forte) ?
  8. A présent, pouvez-vous me dire à combien vous croyez que vous êtes « inadapté et capable du pire ? ». Cotez votre niveau de croyance (de 0 % = ce n’est pas du tout moi à 100 % = c’est tout à fait moi), identifiez les émotions que vous ressentez et évaluez votre intensité (de 0 = neutre à 10 = insupportable).

Et oui, derrière votre phobie d’impulsion se cachent des besoins essentiels et des valeurs fondamentales à votre équilibre telles que le besoin de vous réaliser, de vous protéger, de vous estimer, de vous relaxer et de faire ce qui compte pour vous tel qu’aider les autres, fournir un travail de qualité, vous amuser, créer …

Merci beaucoup Edith pour ces éclaircissements concernant la phobie d’impulsion 🙂 

Pour aller plus loin…

phobie d'impulsion. Edith rosset

Si vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à lire Le guide d’auto-thérapie d’Edith Rosset, paru aux éditions Dunod en octobre 2021. Ce programme thérapeutique propose de nombreux outils et exercices pratiques pour apprendre à se libérer de la phobie d’impulsion. Un guide d’accompagnement bienveillant et efficace, à utiliser en complément d’une thérapie TCC et éventuellement d’un traitement médical (en cas de phobies d’impulsion sévères).

 

 

 

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