C’est au tour de Rosie de nous raconter son parcours lié à la déréalisation / dépersonnalisation. Un tout grand merci à Rosie ! 🙂
Coucou Rosie, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Rosie, j’ai 21 ans et j’occupe la fonction de Première de réception dans un hôtel. J’ai anciennement travaillé dans l’industrie du tatouage / piercing, de l’art et de la pornographie
Comment le trouble de déréalisation / dépersonnalisation a démarré chez toi ?
La déréalisation / dépersonnalisation est entrée dans ma vie en juillet 2023, après ma première consommation de cannabis. J’étais dans une très mauvaise période mentalement, beaucoup de dépression et d’anxiété, doublée de problèmes sentimentaux avec mon ex-conjoint. Alors, j’ai tenté l’expérience du joint pour essayer d’atteindre cet état de « détente » que beaucoup de mes (mauvaises) fréquentations de l’époque me vantait. La consommation m’a plongé dans une profonde crise de panique doublée d’hallucinations visuelles et auditives, qui n’a duré que quelques minutes, mais qui a eu des conséquences dévastatrices.
Comment se manifestait la déréalisation / dépersonnalisation chez toi ?
J’ai d’abord expérimenté un premier épisode de déréalisation directement après la crise d’angoisse, qui a duré 3 semaines. Pendant cette période, j’ai plus ou moins réussi à rester lucide, dans le sens où je comprenais que mon état était uniquement réactionnel à la crise d’angoisse. J’ai eu un mois de tranquillité sans aucune forme de déréalisation. Ensuite, à la suite d’un déménagement avec mon ex-conjoint, c’est la descente aux enfers. S’en suivra 8 mois de déréalisation et de dépersonnalisation très persistante et handicapante. J’avais en permanence l’impression d’être un observateur de moi-même, que tout ce qui m’entourait n’était qu’une simple image qui se déposait devant mes yeux. Je ne sentais plus mon corps au-dessous de la tête et j’avais des troubles visuels (flou quasi-permanent). Je travaillais de nuit à cette époque et la lutte contre la fatigue, doublée à l’ennui et la solitude de ces horaires, j’étais complètement déconnectée. Même plus que déconnecter, je n’arrivais à me convaincre que, d’un point de vue rationnel, la réalité existait. Je ne percevais la vie que seulement comme une vision, un signal électrique envoyé à mon cerveau, dénoué complètement d’affect émotionnel. Cela a beaucoup affecté mon moral et je suis tombée en dépression sévère. J’ai ensuite développé un trouble obsessionnel-compulsif sur la schizophrénie. Je passais mes journées à m’analyser, à lire et relire des témoignages de personnes atteintes de ce trouble. J’étais en permanence à l’affût de voix dans ma tête.
Comment as-tu fait pour enclencher le processus de guérison ?
Tout d’abord, j’ai consulté un psychiatre qui m’a permis d’avoir des arrêts maladies très longs, pour un total de 5 mois. Cette personne n’a pas été très bienveillante dans sa prise en charge, dans le sens où elle cernait très bien mon problème, mais le désignait comme absolument définitif et qu’il fallait que je m’y habitue, car lié à un trouble anxieux extrême. C’est à ce moment que j’ai eu un déclic. Je refusais que cette erreur, (je m’incriminai beaucoup pour avoir consommé cette drogue), ne ruine ma vie à tout jamais. Alors, j’ai cherché à me faire intégrer dans une clinique psychiatrique pour être traitée correctement. Malheureusement, cela a pris trop de temps et j’ai souhaité être intégré aux urgences psychiatriques. A ce moment-là, je suis tombée sur un psychiatre qui m’a littéralement sauvé la vie. Il a tout de suite estimé que mon traitement en cours (des antipsychotiques + des antidépresseurs) n’était absolument pas adapté à mon cas et empirait même la situation. En effet, ces antidépresseurs me stimulaient, alors que j’avais besoin d’être calmé, (ce qui me causait des faiblesses de préhension) et les antipsychotiques empiraient ma déréalisation tout en provoquant de l’agitation psychomotrice. J’ai débuté le nouveau traitement après quelques jours d’hospitalisation et j’ai été rapidement libérée à ma demande car je me sentais vraiment très bien.
Comment te sens-tu à présent ?
Globalement, je me sens vraiment beaucoup mieux qu’avant. La déréalisation est très disparate, voire quasi-inexistante. Et même lorsque j’en ressens, elle n’a que très peu de prise psychologique sur moi et ne m’angoisse plus du tout comme au début. Et parce qu’elle m’angoisse très peu, elle disparaît très rapidement. Je ne dirai pas que je suis redevenue la personne que j’étais avant, parce que cette personne n’était pas en bonne santé mentale et vivait constamment au bord du gouffre, prête à exploser au moindre problème. Cette expérience m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur moi-même et m’a permis de développer ma spiritualité à travers la méditation qui m’a beaucoup aidé. Je me sens plus stable et sereine, capable d’affronter toutes les difficultés de la vie et à gérer beaucoup mieux mon stress qu’avant.
Quel serait le meilleur conseil que tu pourrais donner aux personnes qui souffrent toujours de déréalisation / dépersonnalisation ?
Mon meilleur conseil serait de ne pas penser que l’intégralité de sa vie est ruinée et qu’on ne s’en sortira jamais. J’étais vraiment persuadée d’avoir détruit mon esprit, alors qu’il essayait simplement de me protéger. Un autre conseil, serait de ne pas se focaliser uniquement sur ça, de mon point de vue, il faut, le plus possible, continuer à vivre une vie normale.
Merci beaucoup à Rosie d’avoir accepté de nous raconter son histoire
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